L'histoire de notre association

1.

Monsieur Henri TOURBIER, Président honoraire, fut un des premiers adhérents de l’Association des Familles Nombreuses, devenue par la suite Association Générale des Familles de Neuilly puis Maison de la Famille de Neuilly.

Il évoquait, en 1893, les principales étapes de cette évolution. Déjà avant 1914, la France souffrait d’une natalité insuffisante, que l’on opposait à celle plus vigoureuse de l’Empire allemand, et cette faiblesse fut bien entendu aggravée par la première guerre mondiale au cours de laquelle des centaines de milliers de jeunes Français furent tués. Cette situation suscita heureusement différentes initiatives.

Ainsi, dès les années 1820, des industriels du Nord avaient accordé des suppléments familiaux aux membres de leur personnel ayant des charges d’enfants. Ils furent imités par d’autres entreprises et les fonctionnaires bénéficièrent également d’un complément familial. Une « ligue des fonctionnaires pères de famille nombreuse » fit parler d’elle en se livrant à une grande manifestation sur l’esplanade des Invalides.

2.

Un mouvement se créa peu à peu pour grouper et défendre les familles. C’est ainsi qu’en 1933, deux pères de familles nombreuses de Neuilly, un industriel, Monsieur Eugène Pantiot et le notaire Lucien Wargny fondèrent « l’Association des Familles Nombreuses de Neuilly » ouverte aux familles légitimes françaises ayant au moins trois enfants, avec le maire, Monsieur Edmond Bloud.

Monsieur Pantiot en fut Président d’honneur jusqu’à sa mort tragique en août 1944, au cours de la libération de Paris. Maître Wargny, Président, en fut un animateur admirable. Il fut aidé par un ancien officier de marine, Monsieur Leboucher, qui, en dehors d’un recrutement à domicile, tint une permanence chaque samedi, dans un vestibule de la mairie, assisté par un ancien notaire de Beauvais, Monsieur Galabert.

À la veille de la guerre, en 1939, l’Association comptait environ 600 familles. Hélas ! Messieurs Leboucher et Galabert quittèrent Neuilly.

Maître Wargny trouva un premier collaborateur en la personne de Monsieur Tourbier qui remplaça Monsieur Leboucher à la permanence le samedi et recruta de nouveaux administrateurs selon le souhait de son Président.

C’est ainsi que Monsieur Bouffard, un père de douze enfants, apporta son concours avec un grand dévouement. Les anciens de l’Association doivent se souvenir des distributions de denrées diverses effectuées dans le garage de Monsieur Wargny, notamment de pommes de terre que Monsieur Taboureau allait chercher en grande banlieue, et de viandes saisies pour transport illicite par le service du ravitaillement et que nous réservions pour les familles les plus nécessiteuses. On avait aussi cultivé des haricots sur un terrain situé sur les fortifications, du côté de la Porte Montmartre, mais hélas, quand on a été faire la récolte, on a constaté qu’elle avait déjà été faite ! Cette activité alimentaire valut – comme aux autres associations – l’adhésion de nouveaux sociétaires (on les appela les adhérents pomme de terre) qui restèrent en grand nombre à l’Association.

Le mouvement « Familles nombreuses » s’était, dès avant la guerre, parfaitement structuré, tant sur le plan départemental que sur le plan national. Le siège de la Fédération de la Seine, ainsi que celui de la Fédération Nationale étaient déjà place Saint-Georges, et Maître Wargny assistait régulièrement à leurs réunions de Conseil.

Le mouvement familial reçut une impulsion officielle au cours de la guerre 39-44 à la suite d’une loi, dite loi Gounot, du nom du sénateur qui en eut l’initiative. Cette loi donnait un caractère semi-officiel représentatif à des associations familiales à caractère général.

Une association fut ainsi créée à Neuilly, mais comme elle recrutait surtout les mêmes sociétaires, elle fusionna avec notre Association, qui mit ses statuts en conformité avec la nouvelle loi, et prit le titre qu’elle a depuis « d’Association Générale des Familles ».

Maître Wargny souhaitait ardemment avoir une « Maison de la Famille » qui devait être le centre d’activité de l’Association. Il en saisit l’occasion à la suite de l’intention de la milice d’ouvrir une permanence dans une boutique proche de son étude, rue du Marché. Il réussit à devancer la milice, l’Association s’installa dans la boutique au fronton de laquelle on peignit les mots en blanc sur noir : « Maison de la Famille de Neuilly ».

3.

Ce fut le début d’un nouvel essor. Hélas ! Maître Wargny fut tué, et Monsieur Tourbier, son collaborateur, lui succéda comme Président.

Heureusement de nouvelles bonnes volontés se révélèrent. Monsieur Le Verdier aida à la création de « Neuilly Foyers », bulletin de liaison dont le format était celui du journal « Les Petites Affiches » au siège duquel il était imprimé. Mesdames Rosset et Rasnier animèrent un ouvroir. Madame Tourbier organisa, en accord avec Madame Baudin, directrice pour Neuilly de l’œuvre « L’aide aux mères de famille », un réseau d’entraide par « dépannage », qui se révéla très utile. Elle mit ainsi en route les premières braderies dont le succès ne s’est pas démenti. Également, fut créée la Coopérative, qui attira à l’Association de nouveaux et fidèles adhérents. (elle fut fermée en 1995 – NDLR)

Un sérieux problème fut cependant posé à l’Association.

Paris libéré, nous fûmes dans l’obligation de restituer la boutique de la rue du Marché à son propriétaire, conformément à la promesse de Maître Wargny.

Le nouveau maire, nommé après la libération, connaissait très bien l’Association, et de nombreux membres de notre Conseil d’Administration siégeaient au Conseil Municipal. Monsieur Metman s’intéressa donc à notre cas, et réussit à nous installer tout au moins pour quelque temps, dans un bel hôtel entouré d’un parc, boulevard Jean Mermoz. Cela donna le temps à Monsieur Metman de négocier la conclusion d’un bail en bonne et due forme entre l’Association et la propriétaire d’un bel hôtel, que beaucoup ont connu, au rond-point Winston Churchill.

Ce fut l’époque où Madame Derode créa la consultation de nourrissons à laquelle le Docteur Corre, notamment, consacra une partie de son temps et beaucoup de dévouement. Ce fut aussi l’entrée en fonctions de Mademoiselle Ruffin, qui devait rapidement, en raison de ses compétences, devenir un élément essentiel de nos activités.

Des élections municipales ayant lieu en 1947, Monsieur Metman fut remplacé à la mairie par Monsieur Peretti. Notre nouveau maire ayant reconnu l’importance et l’utilité de notre Association, lui apporta un appui qui fut évidemment efficace pour le développement de ses activités et ne cessa jamais. (Appui que n’ont démenti aucun de ses successeurs – NDLR)

L’hôtel du rond-point Winston Churchill permit aux familles de célébrer joyeusement la Fête des Mères, en réunissant de nombreux enfants. Beaucoup de parents présentaient leurs bébés aux concours animés par Madame Derode.

À la mairie, les mères de familles nombreuses étaient décorées dans le grand salon, de la Médaille de la Famille Française, par Monsieur Peretti, entouré sur une vaste estrade par les notabilités de la ville. Les familles des mères décorées remplissaient la grande pièce… que tout cela est loin ! Il y a bien des années que le Maire n’a plus à décorer qu’une ou deux mères dans son cabinet.

L’époque du rond-point Winston Churchill dut aussi se terminer. À la fin de notre bail, le propriétaire vendit son hôtel à un promoteur immobilier. Celle-ci ayant nié notre droit au relogement, il s’en suivit un procès ; après avoir été déboutés en première instance, nous eûmes gain de cause en appel. Faute de relogement, il nous fut accordé cinq millions de l’époque à titre de dommages-intérêts. Mais si cette somme nous permettait la constitution d’un important fonds de réserve, elle était insuffisante pour l’acquisition d’un nouveau local.

Grâce à la Municipalité, nous fûmes relogés, à titre provisoire toujours, dans une boutique de la rue Perronet, en face du lycée Pasteur. Ce n’était pas grand, mais c’était encore la Maison de la Famille, et c’était l’essentiel.

Tels des bohémiens, nous dûmes encore évacuer les lieux.

4.

Alors ce fut l’emménagement rue Ybry, dans des baraquements que nous partageâmes avec les bureaux de la Sécurité Sociale.

Enfin, en 1968, ce fût l’installation définitive dans cet hôtel de la rue Perronet que le Maire avait dû acquérir pour la Ville et dont il disposa en notre faveur, après des travaux importants de remise en état, auxquels nous eûmes à contribuer financièrement. Ce fut donc la fin de nos pérégrinations au cours desquelles l’importance et l’activité de l’Association n’avaient cessé de grandir.

Regrettons simplement que nous ne puissions plus célébrer la Fête des Mères par des kermesses comme celles qui animaient tantôt le boulevard d’Inkermann, tantôt celui d’Argenson et, en dernier lieu, le terrain sur lequel fut construit la piscine municipale.

Les années passant, les Présidents changèrent. Après Monsieur Tourbier, ce furent Messieurs Bourdier, Gardette, Jullien, Madame Bruteschi, puis Monsieur Robert, en 1983 Monsieur Cayla, en 1985 Monsieur Dominique Beslay, puis Madame Dominique Marcilhacy en 1995 remplacée fin 2016, de façon intérimaire par Madame Mireille Raoul-Duval puis par Nathalie Garret.

Les membres du Conseil, aussi, vieillirent… Beaucoup ont disparu, mais d’autres sont venus recueillir le flambeau.

Le rêve du Président Wargny a été réalisé : Neuilly n’a pas cessé d’avoir une Maison de la Famille. Celle d’aujourd’hui, digne de la Ville et de sa population, est sans doute la plus belle de la région.

En 1975, l’Association ouvrit la première Halte-Garderie de la Ville de Neuilly. Confiée d’abord à notre chère Françoise Rouilly, puis à Véronique de Brébisson. Dirigée ensuite par Julie Amiard Germain, elle vit les 40 bambins qu’on y accueillait passer à 16, pour obéir aux nouvelles normes exigées. Elle a, depuis, fermé définitivement en juillet 2017.

En 1976, l’hôtel de la rue Perronet… s’est effondré, rongé par les termites ! Son remplacement par un immeuble social de grande taille, un instant envisagé, fut écarté en raison de l’hostilité des riverains et la Maison de la Famille fut reconstruite à l’identique.

1976 fut aussi une année douloureuse pour notre association qui vit partir de son sein un certain nombre de militants hostiles à la loi Veil sur l’IVG, militants qui ont pris le parti de créer une association familiale catholique.

L’Association Générale des Familles, pour sa part, est restée non confessionnelle et accueille, depuis cette époque, une conseillère familiale agréée par la DDCS pour conduire les entretiens pré-IVG – l’idée étant que cette personne, soigneusement choisie, puisse apporter une vraie aide et offrir un véritable choix aux femmes confrontées à cette difficile éventualité.

Au début des années 1990, Mademoiselle Ruffin, directrice-pilier de l’association, prit une retraite méritée. Elle fut remplacée par Anne Fechner.

Depuis 2012, c’est Patricia de Lastelle qui dirige l’association. La maison prend un nouvel essor.

Le 25 octobre 2016, après vingt années d’engagement au sein de l’association, Dominique Marcilhacy a choisi de ne plus en assurer la présidence.

Le Conseil d’Administration ainsi que l’ensemble des salariés et des bénévoles la remercient chaleureusement pour toutes les actions qu’elle a menées pour la défense des intérêts de la Famille.

Mireille Raoul-Duval, vice-présidente, accepte la présidence intérimaire de la Maison.

Au cours de CA du 8 Décembre 2016, Nathalie Garret, alors trésorière adjointe, est élue à l’unanimité par les membres du conseil, présidente de la Maison de la Famille.